Le bengal : pour la petite histoire
A l’origine du bengal, un fantasme : celui d’une californienne, une certaine Jean Mill. C’est en visitant un zoo (elle était alors étudiante en génétique) qu’une idée audacieuse mais géniale lui vint à l’esprit. Ce pâmant devant la beauté d’un léopard, elle se dit soudain : « et pourquoi pas un chat comme ça ? »
Facile à dire, plus difficile à faire. Elle en était consciente, mais sa force de conviction allait abolir tous les obstacles. Comment procéder pour créer un chat domestique à l’image du félin sauvage ? Impossible, on s’en doute, de marier un chat avec un (grand) léopard !
En revanche, avec un petit léopard d’Asie, en l’occurrence –le felis prionairulus bengalensis – l’aventure était possible. C’est ce que fit Jean Mill. Elle Maria donc une femelle American shorthair avec ce léopard nain d’Asie (qui possède à peu près la même taille qu’un chat domestique, et en prime une fourrure magnifique ornée de tâches à tomber par terre !)
Un rêve Lent a réalisé
Cette première hybridation lieu en 1963. Le résultat du croisement pris le nom de bengal, en hommage aux felis bengalensis.
Les premiers chatons nés, la partie n’était pas gagnée pour autant. En premier lieu, il n’était pas aussi beau que l’aurait voulu Jean Mill. Et en plus, à cause de l’hybridation, il s’avéra que tous les mâles de cette première génération étaient stériles. Elle ne pouvait donc compter que sur les femelles pour progresser dans sa sélection. Elle ne se découragea pas pour autant. En travaillant sur différentes lignées, elle réussit, au bout de plusieurs générations, à se rapprocher du type « sauvage » dont elle rêvait.
Séduit par les résultats, d’autres éleveurs américains se sont lancés dans l’aventure, introduisant pour leur part des égyptiens mau (ainsi que des burmese et des abyssins) à la recette d’origine. Un travail de longue haleine, fait d’hybridations successives qui dura plus de 20 ans.
En 1990, la TICA admettait le bengal à concourir en championnat. En France, c’est Odile Caillard et sa fille de Martine qui firent venir la première femelle, en 1989. La Belgique et l’un des premiers pays européens à avoir importé des sujets des États-Unis.
Son look spectaculaire, ses origines américaines et sa goutte de sang sauvage ont contribué à le rendre très vite célèbre. Trop vite ? Peut-être…
Une petite dizaine d’années après son apparition en France (où il connut un démarrage sur les chapeaux de roues –avec à son actif de nombreux passages à la télévision et un rôle de vedette dans les expositions félines), le bengal est un peu rentré dans le rang.
L’âge de raison
Sa cote auprès du public a baissé vers les années 2000, les prix se sont assagis. Embêtant ? Au contraire. L’effet de mode retombé, les éleveurs qui étaient vraiment amoureux de la race vont pouvoir s’y consacrer avec d’autant plus d’ardeur.
Au Royaume du Bengal, tous les spécialistes reconnaissent qu’il y a encore bien du travail à effectuer avant de parvenir au chat parfait. Et réaliser ainsi le rêve originel de Jean Mill, la créatrice de la race.
Le beau moucheté serait donc, à l’époque, en train de parvenir à l’âge de raison ? Toujours est-il que la très conservatrice Federation International Feline – qui reconnait toujours les races après tout le monde- lui a accordé une reconnaissance officielle dès le mois de Janvier 1998. Excusez du peu !
À quoi doit ressembler un « beau » Bengal ?
On l’a dit : à un fauve miniature, le caractère domestique en prime. Ce chat doit être plutôt grand, avec une ossature forte. Le mâle est nettement plus imposant que la femelle : à titre indicatif (car des variations de poids existent selon les individus), le premier pèse environ 7 kilos tandis que la seconde n’en fait que 3 et demi.
La tête est plus longue que large, avec des contours arrondis. Elle doit apparaitre légèrement plus petite en proportion du corps, mais sans extrême. Des bajoues sont permises chez les mâles adultes.
Le profil est légèrement incurvé du front à l’arête du nez. Le museau est plein et large avec les pâtons de moustaches et les pommettes hautes et prononcées. Le nez est grand et large, le cuir du nez légèrement renflé. Les oreilles, quant à elles, sont petites à moyennes avec une base large et des bouts ronds.
Vues de profil, elles pointent en avant. Les yeux sont ovales ou légèrement en amande, bien espacés. Selon les couleurs de robes, ils seront bleus, or, vert, ou bleu vert. Le corps est long, semi-cobby, de taille moyenne à grande.
La musculature est puissante, surtout chez les mâles. Le coup est long et musclé, la queue est épaisse, moyennement longue, effilée à la fin avec une extrémité arrondie. Les pattes de longueur moyennes, sont légèrement plus hautes à l’arrière. Les pieds sont ronds.
Saupoudrée d’or et d’argent
La robe, de courte à moyenne, est épaisse, luxuriante et inabituellement douce au touché. Sa texture très fine et très douce procure à la caresse une sensation très particulière. C’est assurément l’une des fourrures félines les plus douces qui soient. En plus, Chaque extrémité de poils apparait comme saupoudré d’or (ou d’argent en ce qui concerne le Snow et le Charcoal).
Chez le Bengal, on dénombre 3 grands motifs. Premièrement, le tacheté (Spotted Tabby). Avec ses tâches rondes qui se détachent sur un fond de robe plus claire, c’est le plus répandu et le plus représentatif. En 2ème position vient le marbré (marble Tabby). Attention, le marbré ne doit pas ressembler au « classic tabby ». Il s’en distingue par un médaillon sur les flancs, une spirale sur les épaules et, parfois, des rosettes sur les cuisses (conseillées). Enfin arrive ce que l’on anticipe comme devant former une troisième variété : les rosettes.
Il s’agit là du dessin le plus récent et le plus rare (il existe seulement depuis une quinzaine d’années). La rosette est un cercle noir plus ou moins défini avec, à l’intérieur, une couleur plus soutenue que le fond de la robe.
À titre d’exemple, le guépard possède une robe Spotted tandis que le léopard, lui, présente des rosettes.
Ces fameuses rosettes qui font fantasmer tout le monde, nous viennent des États-Unis. Encore un coup de Jean Mill, qui décidément aura marqué la race de son empreinte (sauvage !). En bonne communicante, elle les appelle même « dramatic rosetes ».
À noter : Si un Bengal arbore des rosettes sur les cuisses (mais seulement sur les cuisses, le reste du corps étant marbré), il est encore considéré comme appartenant à la variété marbrée.
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